NAISSANCE
Lorsque le voyageur vient du Nord par la RN 77, il voir surgir aux approches
de Pontigny, entre les peupliers qui bordent le Serein, la grande et majestueuse
Abbatiale de Pontigny, fondée en 1114 par les moines cisterciens.
Ces derniers, qui avaient pour projet de vivre selon la Règle de Saint
Benoît, étaient venus du monastère de Cîteaux établi
quelques années auparavant par l'Abbé Robert de Molesmes.
Ils choisirent un site désert au bord du Serein dans le diocèse
d'Auxerre et à la limite de ceux de Sens et de Langres. Le pont qui
enjambe le Serein à Pontigny constituait le point de rencontre de ces
trois diocèses.
Selon la tradition, l'abbaye fut fondée par Hugues de Mâcon,
compagnon de Saint Bernard,
ainsi que par onze autres moines.
Ils se contentèrent d'installations rudimentaires pendant les premières
années. C'est vers 1140, lorsque la communauté eût acquis
une certaine prospérité, que débuta la construction de
l'abbaye actuelle et des bâtiments conventuels autour du cloître.
Ses 119 mètres de longueur en font la plus grande des abbayes cisterciennes
subsistant en France.
Elle est la " deuxième fille" de Cîteaux, après
la Ferté sur Grosne (1113) et avant Clairvaux et Morimond (1115) et
des centaines d'autres en Europe et dans le monde.
L'ESSOR
Au XIIème et XIIIème siècles l'expansion de la zone d'influence
de l'abbaye fut rapide.
Une quinzaine de granges et de celliers implantés dans un rayon d'une
quarantaine de kilomètres autour de Pontigny témoignent de son
essor économique.
Les frères convers étaient chargé de l'exploitation de
ces fermes importantes qui produisaient céréales, bétail
et vin ainsi que du fonctionnement des moulins et de la tuilerie dépendant
de l'abbaye.
Très rapidement l'abbaye de Pontigny essaima 19 abbayes filles diverses,
qui à leur tout en fondèrent 45 autres.
Nombreux furent les abbés de Pontigny à être élevés
au rang d'évêque, d'archevêque ou de cardinal.
Pontigny accueillit également aux XIIème et XIIIème siècles
trois évêques de Cantorbéry en exil : Thomas Becket, Etienne
Langton et Edmond Rich, le futur Saint Edme, dont le corps repose dans le
chevet de Pontigny.
L'ABBAYE
A TRAVERS LES SIECLES
Les époques troubles de la guerre de cent ans et des guerres de religion
ralentirent l'essor de l'abbaye Ce ne fut qu'au XVIIème et XVIIIème
siècles qu'elle retrouvera une prospérité qui permit
aux abbés d'entreprendre d'importants travaux de rénovation
et de transformation.
A la révolution de 1789, l'abbatiale devint église paroissiale
et la plus grande partie des bâtiments conventuels fut détruite.
L 'abbatiale fut respectée en raison du culte très vivace de
Saint Edme.
L'abbaye et les bâtiments monastiques seront un lieu privilégié
pour plusieurs actions de développement spirituel et intellectuel.
De 1842 à 1903, la fondation des Pères de Saint Edme se consacre
à l'enseignement.
Après la loi de 1901, les bâtiments sont achetés par Paul
Desjardins qui en fera un centre culturel fréquenté par l'élite
intellectuelle européenne de l'époque.
Après la mort de Paul Desjardins en 1940, les Pères de Saint
Edme, revenus des Etats-Unis, achetèrent l'abbaye et y créent
un collège secondaire franco-américain de 1947 à 1954.
La période de 1954 à 1967 vit s'installer à Pontigny
le siège de la Mission de France qui préparait les jeunes pour
l'apostolat des zones urbaines et rurales les plus déchristianisées.
Après leur départ, les bâtiments de l'abbaye sont rachetés
à partir de 1968 par l'ADAPT : ligue pour l'adaptation du diminué
physique au travail.
Contournant le
monument aux morts du village, le visiteur passe sous le portique du XVIIIème
siècle, le long de l'allée de tilleuls, et découvre l'abbatiale
par le porche d'entrée voûté d'arrêtes datant de
la première étape de construction du style roman.
L'abbatiale, romane dans sa conception première, présente une
nef voûtée d'ogives et des arcs-boutants.
La nef et les bas-côtés sont romans, les chapiteaux très
simples avec un décor de feuilles de plantes aquatiques, l'ensemble
construit en pierre blanche reçoit et reflète la lumière
par des vitraux à dessins géométriques blancs et verts.
Les jeux de lumière et l'harmonie des proportions saisissent l'esprit
et appellent à la méditation.
Le transept est la partie la plus ancienne de l'église. Très
ample et très austère, il est l'exemple même du dépouillement
de l'art cistercien.
Le chevet plat datant de la première construction fut remplacé
au XIIème siècle par une abside polygonale avec déambulatoire
et onze chapelles rayonnantes, témoin de l'essor de l'ordre cistercien
à Pontigny.
Des bâtiments conventuels d'origine il ne reste que le dortoir des frères
convers, une aile du cloître datant du XVIIème siècle
(aucune trace ne subsiste du cloître médiéval) et deux
vasques des lavabos des moines, faisant partie de la propriété
de l'ADAPT.
Au XVII et XVIIIème siècles, furent rajoutées la clôture
du chur, 100 stalles en boiserie sombre sculptée, quatre blasons
en relief de la voûte et une belle grille autour du sanctuaire et à
la croisée du transept encadrant un autel de marbre de l'époque.
Dominant l 'ensemble, on trouve la châsse de Saint Edme datant de la
seconde moitié du XIXème siècle. L'ancienne châsse
du XVIème siècle a été conservée.